Tact, empathie et sens pratique: le b.a-ba de l’assistance policière aux victimes


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Maëva Simon

Soutenir les victimes d’un accident, d’un vol, d’une disparition. Les informer de l’enquête en cours. Trouver des solutions à mille et un problèmes. Voilà le quotidien, sensible et délicat, de Sophie Inada, responsable d’un service d’assistance policière aux victimes.

C’ est un rituel. Chaque matin, Sophie Inada entame sa journée par la consultation des dossiers transmis la veille. Une disparition inquiétante a été signalée pendant la nuit. Il devient donc urgent pour elle de prendre contact avec la famille du disparu.

Depuis huit ans, Sophie travaille au sein de la zone de police Basse-Meuse à Hermalle. Son rôle? Cheffe de première ligne au service d’assistance policière aux victimes. Soumise au secret professionnel, elle n’est pas policière: «J’ai suivi une formation certificative à l’ULiège en victimologie clinique», précise-t-elle. Son service est ouvert sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Il gère quelque 288 victimes par an.

Après avoir contacté les proches du disparu, Sophie se rend chez eux pour leur apporter du soutien. C’est elle qui aura la responsabilité de les tenir informés régulièrement de l’avancée de l’enquête. Et de leur annoncer les éventuelles bonnes ou mauvaises nouvelles.

Coups de couteau et accident de voiture

Il est 10h30 lorsque son téléphone sonne. Une femme a planté plusieurs coups de couteau dans son compagnon, et leur fille, témoin de la scène, se retrouve seule au poste de police. À peine de retour dans son bureau, Sophie accueille l’enfant et la rassure. «Je vais t’expliquer le déroulement de la journée», lui expose-t-elle. Sophie sera la personne de confiance lors de l’audition de la mineure dans la salle prévue à cet effet. Elle s’occupe ensuite de trouver des solutions pour placer l’enfant en lieu sûr. Elle prend contact avec des membres de la famille et organise le transport de la mineure d’âge. Elle prévient également l’école de l’absence de l’enfant pendant que les parents sont privés de liberté.

Au cours d’une journée ponctuée d’imprévus, où toute programmation préalable semble improbable, une troisième affaire déboule vers 15h: une victime d’accident de voiture n’arrive pas à tourner la page. Alors que Sophie n’a pas eu le temps de s’asseoir et de prendre une pause depuis le matin, elle l’écoute avec attention. Elle oriente ensuite la victime vers un service spécialisé dans le soutien psychologique à long terme. Mais Sophie la tiendra informée de l’avancée de l’enquête policière.

Imprévisible, «touchy» et varié

Le travail de Sophie repose sur des faits imprévisibles. Elle ne peut rien anticiper. Chaque journée est différente. Entre l’assistance pratique et le soutien émotionnel, l’annonce de mauvaises nouvelles par téléphone ou sur place, l’orientation des victimes, sans oublier le dernier hommage et les visites chez le médecin légiste, Sophie doit être prête à tout. Elle est la personne relais entre la police et la victime d’un fait grave, qu’il s’agisse d’une personne préjudiciée, de ses proches ou encore de témoins. Sophie joue aussi le rôle de trait d'union entre la police et le parquet.

À la tombée de la nuit, Sophie n’a d’autre choix que de retourner voir la famille du disparu. «Aucun indice n’a permis de le localiser, nous glisse-t-elle. Qui sait où il se trouve à l’heure actuelle?» Un de ses collègues policier se tourne alors vers nous: «Je n’aurai jamais le courage de faire ce qu’accomplit Sophie au quotidien.» Nous non plus.

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