Intelligence Artificielle : Menace ou Outil ?


Dans À l'unif On débat
Lucy Bril

À l'occasion du premier anniversaire de ChatGPT, le directeur du Laboratoire belge d’interaction Humain-Machine, Jean Vanderdonckt, partage ses réponses à quelques inquiétudes que cause l’Intelligence Artificielle.

Aujourd’hui à la tête du Laboratoire belge d’interaction Humain-Machine et professeur à la faculté de management de l’UCL, Jean Vanderdonckt a commencé sa carrière avec une première licence en mathématiques, suivie d’une deuxième en informatique, puis un doctorat en sciences. Actuellement, il travaille à la simplification des interfaces informatiques, facilitant le rapport utilisateur-machine. Il développe également dans son laboratoire un système de traduction instantanée afin de permettre la communication entre les individus valides et les sourds/muets en différentes langues. 

 

Studiobus : En quoi l’intelligence artificielle est-elle différente de l’intelligence humaine ?

Jean Vanderdonckt : L’I.A. est un programme informatique demandant énormément de données pour fonctionner. Ainsi, j’aurais besoin de milliers de photos de trains électriques avec différentes formes, couleurs, angles, etc. afin que l’I.A. les discerne des trains à vapeur. Alors qu’à un petit enfant, je n’aurais à expliquer la différence qu’une voire deux fois. Là où l’humain conceptualise et s’adapte, l’I.A. déduit par similarité ou différence.

De plus, le système ne “ressent” et n’invente rien, il ne se base que sur ce que les humains ont produit en amont.

L’I.A. représente-t-elle une menace pour les emplois  ?

Des emplois vont être concernés par cette évolution, comme ça a été le cas lors de la révolution industrielle : les compétences de l’être humain, remplacées par la machine, sont passées à un stade supérieur. Aujourd’hui, c’est pareil. Il s’agira plutôt de transposer la machine et l’humain, plutôt que d’un véritable remplacement.

IA2

L’I.A. se rend utile avec les problèmes dont les solutions possibles représentent un nombre trop élevé pour l’être humain : dans le domaine de la médecine, elle réalise des simulations, aide à découvrir plus facilement des pathologies, et pose des diagnostics.

Dans certains domaines tels que la psychothérapie, même le système le plus développé ne pourra jamais remplacer le spécialiste humain. L’I.A. est un outil pour nous venir en aide, pas pour nous supplanter.

Quelle sera la place de l’I.A. dans les prochaines années ?

L’I.A. n’influencera pas la vie quotidienne, elle sera spécifique à certains domaines scientifiques. Les objets dits intelligents resteront à un stade de développement embryonnaire tel qu’on le connaît aujourd’hui - à quelques évolutions mineures près, peut-être. Pour l’instant l’outil est nouveau, donc il évolue vite, mais on arrivera bientôt à une stagnation des innovations.

L’I.A. dite générative est capable de produire des photos, vidéos, et audios hyper-réalistes. Diffusés sur les réseaux sociaux, ces deep-fake peuvent transmettre de fausses informations  : comment discerner ce qui est vrai ?

Ces différentes sortes de médias ont toujours un tatouage : des informations gravées,  invisibles pour l'œil l’humain, à propos du lieu ou encore la date d’enregistrement. À l'origine, il sert à identifier les films piratés, mais on pourrait créer un autre système d’I.A. analysant ces tatouages afin de discerner si un document provient d’une autre I.A…

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