Passion et raison au diapason


Dans Culture
Sara Docquier

Photo : Sara Docquier

Thierry Cammaert, hautboïste et directeur de l’Académie d’Ixelles a décidé de suivre sa passion malgré les contraintes. Il raconte les compromis nécessaires de nos jours pour vivre de son art.

Thierry Cammaert est né en 1965. Il décide de se consacrer à la musique à l'âge de 16 ans et intègre très vite le Conservatoire. Il devient enseignant à l'Académie d'Ixelles en 1994, et y occupe aujourd'hui le poste de Directeur. L'artiste performe également dans l'ensemble Quartz, au sein duquel il joue du hautbois un peu partout dans le monde. 

 

Studiobus : Vous êtes musicien et avez enseigné à l’Académie d’Ixelles. Pourquoi endosser ces deux rôles ?

Thierry Cammaert : J’ai commencé à proposer quelques heures de cours à Ixelles puis j’ai continué à Watermael-Boitsfort et dans d’autres académies. Je me suis très vite passionné pour cette activité d'enseignant. Mais pas au point de m'y limiter. En parallèle, j’ai continué ma carrière de musicien en jouant ponctuellement dans des orchestres, en tant que « freelance ». Jongler entre les deux me permet de n'être coincé nulle part. J'ai enfin opéré une transition vers l'administratif : devenir directeur à Ixelles, sans abandonner pour autant les concerts.

docquier

Pensez-vous qu’il soit possible de vivre uniquement d’un salaire d’artiste ? Comment s'en sortent les étudiants que vous diplômez ?

Très peu d’étudiants envisagent un métier dans la musique ou le théâtre. La majorité ne souhaite pas évoluer dans la sphère artistique. Mais, pour certains, l’Académie peut constituer un tremplin vers ces univers. Il reste possible d'en vivre, mais pour peu d'élus... Dans un orchestre, une place ne se libère que si un musicien quitte l'ensemble ou part à la retraite. Si on ajoute la concurrence internationale, notamment les Asiatiques qui s’imposent de plus en plus, l'espace se restreint. Pour se démarquer, il faut parvenir à lancer des projets innovants et créatifs.

Est-il possible de vivre de sa passion en 2023 ou faut-il choisir la raison ?

Le dilemme n'a rien d'évident. Il semble plus complexe de vivre de sa passion aujourd'hui qu'il y a 30 ans. Par exemple, dans le monde de la musique, on ne commence pas directement en performant à plein temps. Souvent, on jongle entre plusieurs jobs. Il s'agit d'insuffler énormément d'énergie dans ses projets pour espérer y parvenir. Mais en se lançant dans l'aventure, avec la peur dans notre dos et l'objectif en ligne de mire, ça vaut le coup d'y croire.

Partager cet article