Le parfumeur, un accordeur de senteurs


Dans Culture
Alexandrine Ledoux

Photo : Alexandrine Ledoux

Musicien des odeurs, Romain Pantoustier a relevé un défi de taille : celui de créer sa parfumerie artisanale. Aux côtés de sa femme et associée, la « zen » Aurélie Gillon, le « nez » associe les notes – de tête, de cœur et de fond – à la recherche de l’accord parfait, synonyme de parfum unique.

Au cœur de la ville de Namur, une petite boutique au design épuré. En poussant la porte, une odeur particulière envahit les narines, trace des parfums vaporisés ci et là par les clients. A l’arrière du magasin, à l’abri des regards, Romain Pantoustier et Aurélie Gillon ont installé leur atelier. Sur les étagères, un entrelacs de flacons. Leur « orgue », comme ils l’appellent. Chacun renferme une fragrance qui composera peut-être leur nouveau parfum. Le processus de création se veut lent et ardu, mais à la clé, la promesse d’un produit d’exception.

Précision requise

Avant de créer, Romain choisit ses matières premières. Et l’éventail se révèle large : « un parfumeur doit mémoriser plus de 2000 odeurs. Pour y parvenir, il faut les associer à un souvenir ». L’inspiration peut venir de partout. « On commence avec 5 à 10 senteurs, puis on en ajoute jusqu’à obtenir ce qu’on recherche ». Après la sélection, chaque substance est pesée. « Au milligramme près ! Il ne faudrait pas que deux mêmes parfums aient une odeur différente », insiste Aurélie.

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Vient ensuite l’étape du mélange, aux airs plutôt futuristes : le récipient, pourvu d’un aimant, est posé sur un appareil générant un champ magnétique. « Voici l’étape magique, le moment où nous, on ne fait rien. Le parfum se mélange tout seul, pendant quelques semaines, afin que les différents ingrédients s’harmonisent parfaitement et que l’odeur se fixe ».

Une question de pourcentage

Après quelques tests et ajustements, le concentré mature dans des cuves, puis Romain et Aurélie le « mettent en alcool ». Dosage crucial, car il définit la nature du parfum. « Pour recevoir sa dénomination de parfum, le produit fini doit contenir au moins 20% de matière odorante. Les eaux de parfum, eaux de toilette et eaux de Cologne en comportent un pourcentage beaucoup plus faible. En fait, une eau de Cologne contient majoritairement de l’alcool, et seulement 3% de matière olfactive ».

Finitions subtiles

Romain se saisit d’un entonnoir pour l’avant-dernière étape : le filtrage. « À pure fins esthétiques », assure-t-il : le liquide devient plus transparent, mais l’odeur ne change pas. Enfin, Aurélie apporte les flacons vides et les remplit de la nouvelle création.

Les notes ont parlé, les musiciens ont joué : la partition s’achève. Direction la boutique, où Romain et Aurélie, en bons chefs d’orchestres, guideront les clients vers le parfum idéal, celui qui leur correspond et laisse dans son sillage une odeur unique.

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